Compte-rendu mission Haïti

image005RETOUR D’HAITI Non HAITI ce n’est pas fini. Après cinq mois tout est au point zéro. Imaginez une grande ville de France complètement détruite. Des immeubles de sept étages sont tombés au ras du sol emprisonnant des quantités de gens toujours enfouis. IL A FALLU 35 SECONDES LE 12 JANVIER 2010 A 16H 52 POUR RASER PORT AU PRINCE, UNE CAPITALE ET SES VILLES ENVIRONNANTES.

Près de 300 à 400 000 morts enterrés sous les trottoirs, à l’angle des maisons, dans les jardins, sur la bande du milieu des routes et recouverts de gravats. Certains ont été amputés à vif pour sortir de leur prison de béton. Les riches ont pu payer des bras pour sortir les leurs en priorité. Du bon et du mauvais. Mais qu’aurions nous fait à leur place ? Les bidonvilles ont souffert des glissements car Haiti est un ensemble de collines. Les arbres ont partout été brulés depuis longtemps et les sols ne tiennent pas. Mais beaucoup de lycéens ont disparus. 400 étudiants ont été écrasés dans leurs Facultés. Une centaines surtout des religieuses et des séminaristes ont été tués. 4000 amputés, beaucoup de jeunes et d’enfants. Il faudra que Haiti compte avec eux. image009 image010

 

 

 

 

 

   

L’argent des Nations doit arriver. Mais la Commission ne s’est pas réunie car personne ne sait comment utiliser l’argent en priorité. L’état ne communique pas. Beaucoup de Ministères fantômes ont démissionnés.

image012CELUI DES TRAVAUX PUBLIC A APPOSE SUR TOUTES LES MAISONS LE SIGLE MTPTC ROUGE A DETRUIRE, jaune à réparer, vert à garder. La plupart sont rouges et les maisons continuent à s’effondrer avec les pluies. Mais personne n’a l’autorisation ni de détruire, ni de réparer. Les populations dorment partout sous les tentes le long des rues, comme sur les places. Personne n’ose regagner sa maison la nuit. Les gens s’énervent de cette situation sans avenir. Ils se disputent pour un bout de terrain, une voiture mal placée. Les enlèvements ont recommencé. Les meurtres aussi dont une religieuse.

image014Les Nations Unies patrouillent dans les quartiers sensibles et les carrefours

LE PERSONNEL DE L’ONU – LE PNUD-LE PAM ET DES ADMINISTRATIONS EST INSTALLE PRES DE L’AEROPORT DANS DES ALGECOS numérotés et surélevés par des parpaings. Le bruit des générateurs est infernal. Sur le parking boueux c’est la danse des chauffeurs de 4X4 tous coincés les uns contre les autres. Il faut attendre son tour pour en sortir. Mais ces gens travaillent avec sérieux et les trentenaires et plus, tous nous disent « on veut aider notre pays mais on ne sait pas comment »

ON A LA CHANCE DE TRAVAILLER AVEC LE PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement, Unité Environnement

image021DES HOPITAUX DE CAMPAGNE ONT ETE INSTALLES DANS LES COURS ET LES JARDINS.

Les ONG font du bon travail mais on les accuse de faire cavalier seul sans s’occuper des habitudes ou d’intégrer le peuple haïtien. Beaucoup partiront et laisseront comme à chaque fois tout en plan. C’est le cas d’un prêtre qui à la campagne est resté avec les piliers et les murs de son église érigée par une association allemande qui a mis la clé sous la porte.

En revanche nous avons trouvé des jeunes bénévoles américains venus aider les familles à démolir ce qui est dangereux.

image028Nous avons rencontré une association de clowns haïtiens qui passent dans les écoles.

Car les enfants sont tristes.

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LA NOURRITURE COMMENCE A MANQUER.

Déjà dans les campagnes la sècheresse a empêché les paysans de planter leur mais et ils ont dû commencer à manger leurs semences. La famine est prévisible.

A Hinche qui n’a pas subi trop de dégâts les enfants sont malnutris. Les Sœurs de Calcutta récupèrent des nouveau-nés en très mauvais état de santé. image034

Les enfants vont puiser l’eau très loin quand ils n’ont pas la chance d’avoir un puits. On se lave alors au baquet remplit d’eau souvent par les fillettes, en trempant une petite bassine que l’on répand sur le corps. Tous ceux qui ont été en Afrique, Amérique latine, ou Vietnam connaissent cela. image038

 

UN CONTAINER A ETE DEJA ENVOYE AVEC DEUX SILOS A GRAINS pour que les paysans puissent stocker leur mais ou leurs pois et ne soient pas obligés de les vendre immédiatement à bas prix. De même ils pourraient stocker leurs semences sans que celles-ci soient gâchées par les rats ou autres bestioles. Il en faudrait d’autres mais nous n’avons pas à ce jour le financement. image043

Un barrage très important Le Peligre ne produit que le tiers d’électricité car il n’est pas entretenu et ne peut alimenter la région de HICHE. image047Le Père Wadler Joassaint qui nous a reçu, jeune prêtre et jeune paroisse n’a ni eau ni électricité, donc ni télé, ni radio, ni internet. Il a étudié près de trois ans en France. Il faut vraiment avoir la foi pour résister à SAPATERRE il nous dit « je fais mon boulot »

Pourtant il a des projets :

- Un puits qui alimente sa mission et son école

- Une cantine afin que les enfants puissent manger et s’abriter

- Une boulangerie pour faire travailler des familles

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DANS LES CAMPS DE PORT AU PRINCE LA FAIM SE FAIT SENTIR. Un Pasteur nous disait « je ne mange qu’une fois par jour » et les enfants arrivent à l’école en baissant la tête et en disant « j’ai mal au ventre » en fait il est vide.

C’est pourquoi certaines aides sont mal perçues même si elles sont utiles. Dans un camp bâché par ACTED (bâches transparentes qui laissent passer l’eau) il a été distribué du papier de toilette et des condoms avec lesquels les enfants jouent au ballon. Ceci aurait dû être couplé avec une association qui distribuait de la nourriture. Il est vrai que dans quelques mois il y aura beaucoup de naissances provoquées par la peur, le bonheur d’être vivant, la souffrance de la disparition des leurs et la promiscuité des camps.

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Cette promiscuité est partout. Les gens vivent dans les rues devant leurs portes, les uns contre les autres. Quand il pleut, les mères restent debout toute la nuit avec leur enfant dans les bras.

LE PASTEUR CORMIER EST LIVRE A LA RUE D’UN QUARTIER POPULAIRE DE FORT-MERCREDI un ancien fort juché sur une colline. Il faut monter, monter et encore monter, s’arrêter dans des maisons aux murs effondrés et dont le morceau de vie habitable est capable à tous moments de basculer dans le ravin.

Tout en haut est l’école de Béthanie. Les uniformes sont beaux mais a part cela il n’y a rien : pas de cahiers, pas de livres. Les enseignants sont méritants. Le Directeur est pourtant joyeux. Ils demandent un peu d’aide sans se plaindre.

Le Pasteur dans « sa chambre » devant sa maison.image056image058

 

 

 

 

Il a tenu à ce que je le photographie avec son Directeur devant le vestige de Fort Mercredi. Je lui ai répondu qu’effectivement il fallait fixer ce vestige pour la postérité car à mon humble avis il ne tiendrait pas longtemps.

Il faudra penser à son école et ne pas l’oublier

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HAITI EST UN PAYS RELIGIEUX. Et cette foi souvent enfantine qui s’installe partout dans les rues, les jardins, les tentes les aident à résister. Cyclones, sècheresse, famine, tremblements de terre sur un fond de corruption et de pouvoir inexistant, comment résisteraient-ils ?

IL N’Y A JAMAIS EU UN PLAN DE SCOLARISATION POUR LES ENFANTS. Cela existe dans les pays les plus pauvres. Mais pas ici. S’il n’y avait pas un monceau d’écoles privées confessionnelles mais payantes, seulement 3% des enfants seraient éduqués. Les Communautés religieuses font un travail fabuleux.

Le Collège de la Sagesse avec 1500 élèves a tout simplement été rasé. Les cours ont repris sous les tentes car les examens auront lieu en août 2010.Pratiquement tous les enfants sont la, sauf ceux qui restent encore émigrés à la campagne. Les religieuses restées trois heures sous les décombres sont « un peu fatiguées » disent-elles. Le réfectoire, la chapelle, le dortoir sont sous les tentes pour de nombreux mois.

L’armée française venue de Guadeloupe (200 soldats français) a aplani le sol et débarrassé des gravats. Ils vont partir à la fin du mois de Mai au grand désespoir de beaucoup de haïtiens car ils font du bon travail.

NOTRE MISSION PHI A EU DE LA CHANCE D’ETRE ACCUEILLIE PAR LES PERES DE SAINT JACQUES dont la Maison Mère est en Bretagne.

image068Installés en Haïti depuis 1864 à la demande du pape, leur ancienne maison sur la colline de Lafleur Ducheine qui est classée patrimoine n’a été qu’en partie détruite ce qui leur a permis de recevoir quantité de bénévoles, dont nous-mêmes, Patrick et moi, des psychologues, des médecins qui ont œuvré dans leur clinique mobile organisée dans un camp de sinistrés et des religieux dont de jeunes séminaristes amputés. C’est autour d’eux que viennent se ressourcer beaucoup de Communautés religieuses en particulier le dimanche lors de la messe et qui restent à déjeuner.

C’est ainsi que nous avons fait connaissance du « NOUVEAU SERVICE CIVIQUE FRANÇAIS » 11 jeunes paumés après une seule semaine de formation mais décidés à être actifs. 150 autres doivent arriver sans savoir quoi faire. « nous essuyons les plâtres » nous ont-ils dit.image075

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Le Dr Henri Bris Le Dr Bris et son épouse Marie-René sont venus en Haïti pour travailler bénévolement durant plus d’un mois. Ils essayent de mettre en place une relève locale.

Des médecins bénévoles sont attendus partout.

image079Le curé de Saint Antoine dont l’église est détruite est un breton que les haïtiens appellent Jésus Christ. Il fait sa messe dans la rue. Il a beaucoup œuvré dans la population pendant le séisme en transportant morts et blessés.

 

DES DONS ANARCHIQUES EN PARTICULIER DE MEDICAMENTS arrivent comme d’habitude sur tous les terrains de catastrophe. Nous avons beau le crier sur tous les toits en France depuis des années il n’y a rien à faire. Cela n’entre pas dans les mœurs des français de bonne volonté.

LAISSEZ FAIRE LES PHARMACIENS HUMANITAIRES, DONNEZ LEUR DES DONS POUR ACHETER DES MEDICAMENTS.

Il faut donc payer des pharmaciens pour aller trier et détruire ces médicaments inutilisables en vrac ou périmés. On s’est rendu compte qu’il y avait confusion avec la date de fabrication et d’expiration. Ces médicaments sont vendus dans les « boutiques de pharmacie » et sur les trottoirs par n’importe qui. image082

LES MALADIES RENCONTREES :MALARIA, TYPHOÏDE, AMIBIASE, FILARIOSE, TUBERCULOSE, MALNUTRITION ET MEME DIPHTERIE, SONT LES MALADIES DE LA PAUVRETE.

L’ONU A ORGANISE UNE CELLULE PHARMACEUTIQUE IMPORTANTE. PROMESS Les ONG accréditées peuvent s’y fournir. Les stocks sont importants. D’immenses réfrigérateurs conservent les vaccins de l’Unicef aux températures adéquates sans rupture de la chaîne du froid. Certains halls sont climatisés pour la conservation des médicaments fragiles. Les autres halls sont à la température ambiante de 40 ° et certains hangars plus frais. De grands projets sont mis en place pour une centralisation de l’arrivée des médicaments sans rupture de stock. Il est prévu des lignes de crédit au niveau des hôpitaux et des programmes verticaux gratuits en particulier pour les enfants et les femmes enceintes pour certains produits .

IL SERAIT QUESTION D’ORGANISER UN PROGRAMME D’ENVOI D’ETUDIANTS EN PHARMACIE avec stage OMS validé pour travailler dans les dépôts de stock de médicaments partout engorgés. PAH aurait déjà un projet sur Petit Goave financé par OCHA. Nous pourrions prendre le secteur des Gonaïves.

MAIS TOUT DEPENDRA DES FINANCEMENTS. Il est à considérer que PHI et PAH sont les seules organisations pharmaceutiques françaises l’une pour les médicaments(PHI) l’autre pour la formation(PAH)

NOTRE BUT EST DANS TOUS LES PAYS D’ACHETER LES MEDICAMENTS SUR PLACE. On trouve trois manufactures en Haïti: D’après les renseignements pris, la seule « Manufacture 4C » serait convenable. L’OMS a l’intention d’y faire un audit sur la qualité. C’est une entreprise de 534 salariés très bien tenue par une Directrice et un Responsable des achats. Le risque de qualité est moindre car ils font beaucoup de reconditionnement. Une lettre d’accréditation est demandée pour les livraisons ce qui est un signe de bonne tenue.

LE BILAN PHARMACEUTIQUE POUR 5 DISPENSAIRES ET POUR UN AN SERAIT DE 9880 € A LA CHARGE DES DONATEURS HAITI EST PAUVRE ET ANEANTI. MAIS HAÏTI A UN CŒUR. Tout un chacun vous parle de la solidarité qui a tant existée pour sortir les emmurés de leurs mains, avec des pioches, ou des pelles. Il n’y avait pas d’autres moyens. Il n’y en a toujours pas. image098

Mais le peuple haïtien n’est pas agressif d’emblée. Les gens de la rue vous répondent toujours aimablement. Une femme dans le débris de sa maison m’a lavé spontanément mes chaussures pleines de boue. 

C'est le peuple de la peinture haïtienne. Il sait sourire malgré tout même si il en a perdu la raison. Il se plaint en silence contrairement à d’autres pays voisins francophones ou lointains qui se plaignent sans cesse. image100

 

 MAIS COMME POUR LE TSUNAMI, ON OUBLIE AU BOUT DE QUELQUES MOIS ON PASSE TRES VITE A AUTRE CHOSE s’imaginant que tout est réglé.

Il faudra des années pour reconstruire Haïti, ses habitats, la figure des villes et surtout les personnes. On trouve aussi des excuses à tort ou a raison, sur le fonctionnement des ONG.

« Ceux qui n’aident pas LA-BAS, n’aident pas non plus ICI »

PHI travaille dans l’humanitaire depuis plus de 25 ans et présent dans presque tous les départements de France. Les bilans des actions sont régulièrement donnés : au Mali, au Pérou, au Sri Lanka et ailleurs.

SUR LES TERRAINS ON FONCTIONNE AUSSI PAUVRES QUE CEUX QUE NOUS AIDONS . Alors c’est facile. VOS DONS SERONT TOUJOURS UTILISES ET BIEN.

Finissons ce rapport sur le sourire de cette petite fille qui joue à la poupée comme toutes les petites filles du monde et qui est le sourire de l’espoir, au nom de ceux qui ont disparus. « Il n’est resté que le doudou » Et lorsque je demandais à un jeune homme amputé de la jambe ce qu’il pensait d’être ainsi vivant après avoir survécu plusieurs jours sous les décombres, il me répondit avec le sourire d’Haïti « la vie continue ». C’est le plus beau message.image105 image106

 

 

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